19 juillet 2011
Tu écris toujours ? (66)
La suite de mon feuilleton Tu écris toujours ? vient de paraître dans le bimestriel Le Magazine des livres n°31 (juillet/août 2011) actuellement en kiosques. Titre de cet épisode illustré par le dessinateur Miège : Conseils aux écrivains gênés par les voisins.
Retrouvez des épisodes de mon feuilleton dans l'édition en volume de Tu écris toujours ? aux éditions Le Pont du Change.
Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8
En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon
Sommaire
LE MAGAZINE DES LIVRES n°31 / juillet-août 2011
DOSSIER
100 chefs-d’œuvre inconnus, méconnus, oubliés par Claude-Henry du Bord, Pierre Canavaggio, Eli Flory, Christophe Mory et Joseph Vebret
ENTRETIENS
Marc Villemain : « L’écriture est souveraine » par Joseph Vebret
Éric Poindron. Collectionneur compulsif par Joseph Vebret
PREMIER ROMAN
Stanislas Wails : « Comment creuser profondément en soi » par Joseph Vebret
APARTÉ
Philippe et Pierre Schoeller ou l’écriture synesthésique par Laure Rebois
ACTUALITÉ
Le court-circuit de l’affaire DSK par Gerald Messadié
Extrait : Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn, Michel Taubmann
IDÉES
Entretien - Édouard Philippe et Gilles Boyer. Dans les coulisses du pouvoir par oseph Vebret
Entretien - Jean-Pierre Denis. Le « scandale du christianisme » par Marc Alpozzo
Entretien - Christine Clerc. Bib Bang dans l’Église par Guilaine Depis
Soral, dernier round ? par Frédéric Saenen
Le cri de désespoir de Richard Millet par Gerald Messadié
Avec Jean Raspail par Christopher Gérard
POLÉMIQUE
Les écrivains sont-ils des plagiaires ? par Claude-Henry du Bord
DÉBAT
Lettre ouverte à Stéphane Hessel et aux Indignés de l’Indignation par Joseph Bialot
CARTE BLANCHE À…
François Bon : L’édition française en danger grave
Emmanuel Delhomme : Un libraire en colère
Charles Ficat : L’amour des livres
INÉDIT
Le Fifre, Eduardo Manet
CLASSIQUE
Correspondance - Emil Cioran, Armel Guerne. Lettres (1961-1978) par Jean-François Foulon
Pierre Drieu La Rochelle. Pour une bibliothèque idéale par Frédéric Saenen
Entretien - Jacques Cantier. Le XXIe siècle hérite des traumatismes du XXepar Frédéric Saenen
Pierre Reverdy. Une œuvre rare par Pierre Canavaggio
Perdu de vue - André Germain, grand témoin de la Belle Époque par Michel Loetscher
Maeterlinck, un Belge face à l’Absolu par Frédéric Saenen
2012 : L’année Hergé par Francis Bergeron
Correspondance - Comprendre Jean-Jacques Rousseau par Jean-François Foulon
ANNIVERSAIRES
Centenaire de Maurice Nadeau. L’éternel chercheur par Barthélemy
Antoine Blondin. Écrivain à éclipses par Guy Darol
LE CAHIER DES LIVRES
Focus • Romans • Poésie • Documents • BD • Revues • En vrac
Musique & littératures] Brassens, Ascal et les poètes par Jean-Daniel Belfond
Politique & dépendances] Zadig Évoltaire survolté par Anthony Dufraisse
Les livres que vous n’avez pas lus] Tanger par Bertrand du Chambon
Les mains dans les poches] Un mal de chien par Anthony Dufraisse
Chemin faisant] Au bout du voyage par Pierre Ducrozet
Poésies] Parole pour Maison par Gwen Garnier-Duguy
Lire la musique] Si Dick Annegarn est une truite, Captain Beefheart s’appelle Leibniz par Guy Darol
ACTUALITÉ
Actualité célinienne par David Alliot
LA SÉLECTION D’ANNICK GEILLE
Boto, ne fais pas ta naine ! par Annick Geille
L’instituteur et le Sorbonagre, Alain
Une affection longue durée, Anne Bragance
La Violencelliste, Marcel Moreau
L’appel de la transe, Catherine Clément
M. le Président, Franz-Olivier Giesbert
À quoi sert vraiment un critique gastronomique ?, Gilles Pudlowski
Merci pour tout, Pierre Kyria
Ma gauche, Edgar Morin
Le chemin de la vie, Maurice Nadeau
Pas son genre, Philippe Vilain
Le grand orchestre, Jacques Réda
Dix auteurs d’avant l’été par Annick Geille
FEUILLETONS
Bavarderies : Éléphantesque par Pierre Pelot
Voyage dans une bibliothèque : Cioran, la consolation d’être né par Raphaël Juldé
Conseils aux écrivains gênés par les voisins par Christian Cottet-Emard
Il était une fois l’Auteur : L’Auteur reçoit un prix par Emmanuelle Allibert
Avec : Emmanuelle Allibert, David Alliot, Marc Alpozzo, Barthélèmy, Jean-Daniel Belfond, Francis Bergeron, Joseph Bialot, François Bon, Éric Bonnargent, Claude-Henry du Bord, Arnaud Bordes, Pierre Canavaggio, Bertrand du Chambon, Christian Cottet-Emard, Guy Darol, Emmanuel Delhomme, Anne-Sophie Demonchy, Guilaine Depis, Pierre Ducrozet, Anthony Dufraisse, Cécilia Dutter, Charles Ficat, Eli Flory, Jean-François Foulon, Gwen Garnier-Duguy, Annick Geille, Christopher Gérard, Stéphanie Hochet, Stéphanie des Horts, Raphaël Juldé, Michel Loetscher, Valère-Marie Marchand, Gerald Messadié, Christophe Mory, Jean-Jacques Nuel, Pierre Pelot, Olivier Philipponat, Julie Proust Tanguy, Laure Rebois, Frédéric Saenen.
Photos : Louis Monier. Photo de couverture © AFP
Illustrations : Miège, Innocent et Patrice Reytier.
Coordination : Delphine Gay.
00:47 Publié dans FEUILLETON : tu écris toujours ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : feuilleton, tu écris toujours ?, christian cottet-emard, littérature, humour, lafont presse, écrivain, auteur, magazine des livres, éditions le pont du change, lyon, paris, dsk
17 mai 2011
Puisqu'on continue de me demander si j'écris toujours,
sans doute à cause de la lenteur de mon rythme de publication, je remets en ligne ces réponses aux questions de Jean-Jacques Nuel. Bien que datant de 2007, cette conversation est encore à peu près d'actualité, du moins de mon actualité. Et puis, cela m'évitera de me répéter, ce qui est aussi fatigant pour moi que pour les autres.
JJN Après un premier roman remarqué (Le club des pantouflards, chez Nykta), mélange détonnant d'humour et de fantastique, quels sont tes projets romanesques ?
CCE En dehors des nouvelles qu'il faut écrire très vite au moment où s'en imposent les sujets, je travaille toujours sur plusieurs chantiers romanesques. Une série de courts romans dans la lignée du Club des pantouflards puisqu'on m'encourage à poursuivre dans cette voie, un roman dont les chapitres sont constitués de nouvelles qui peuvent se lire séparément et un roman humoristique pour me détendre. Je serais très fier de réussir un vrai roman d'humour. Je suis sur certains chantiers depuis des années et depuis quelques mois seulement sur d'autres. Ayant bénéficié d'une bourse du Centre National du Livre, je me concentre sur le projet que j'ai présenté pour l'obtenir (la série dans la lignée du Club des pantouflards).
Ainsi résumé, tout cela a l'air de partir dans tous les sens mais il existe une véritable unité. Je me sens un peu comme un organiste qui cherche le bon registre. Dès lors, j'accélère un chantier ou un autre en fonction des opportunités de publication qui peuvent se présenter.
JJN La poésie reste l'un de tes modes d'expression privilégiés, et constants dans le temps. Mais par ailleurs, tu écris des nouvelles, des romans, des proses courtes. Prose, poésie, comment coexistent ces deux écritures en toi ?
CCE Je ne suis pas dans le même état psychique et physique selon que j'écris de la prose ou de la poésie. C'est un rapport au monde complètement différent. Mais il peut arriver que ces deux écritures se rapprochent, comme deux rivières allant vers leur confluent. Cela s'est manifesté lorsque j'ai écrit Le Grand variable, (éditions Éditinter, épuisé) expérience au cours de laquelle prose et poésie semblaient vouloir s'aimanter sans cesse. De toute façon, même si je travaille en priorité sur mes chantiers romanesques pour être lu, je reviens toujours, pour le plaisir, à la poésie car elle est le seul espace de liberté qui reste, non seulement en raison de sa désormais totale déconnexion du « marché » de l'édition mais aussi en raison de l'effritement de toutes ses règles. La poésie est aujourd'hui un merveilleux champ de ruines où tout peut recommencer.
JJN Il me semble remarquer une évolution de ta poésie, vers des thèmes plus proches du quotidien. Ressens-tu aussi une évolution, et quels sont les auteurs qui t'influencent ?
CCE Lorsque j'ai commencé à publier de la poésie dans des revues, dans les années 1980, j'étais un jeune homme svelte et j'écrivais des poèmes sveltes. Je recherchais surtout la fluidité, la musicalité, qui ont fini par brider mon expression poétique. J'ai regretté toute ma vie de n'avoir pas pu devenir musicien, compositeur. J'ai dû attendre de franchir la quarantaine pour accepter l'idée que la poésie ne pouvait rivaliser avec la musique. Quant au quotidien qui me pose problème en permanence, je ne me serais jamais autorisé à lui ouvrir la porte de ma poésie. Résultat des courses, je ne suis plus tout à fait un jeune homme svelte, je ne serai jamais compositeur et le quotidien, ce grossier personnage à qui je refusais d'ouvrir la porte, est entré par la fenêtre. Alors, je tente aujourd'hui d'incorporer des éléments du quotidien dans des vers très longs, étiolés, qui s'étendent jusqu'à former de petites sections de prose. Au début de cette expérience, je trouvais le résultat très laid d'un point de vue visuel, typographique, mais l'effet parodique, décalé (c'est le cas de le dire) me plaît bien. Je ne souhaite pas pour autant rentrer dans le rang des poètes du quotidien car cela signifierait, au moins pour moi, que ce quotidien ennemi de tout élan vital et créatif aurait gagné la guerre ! Ce que j'essaie de faire avec cet adversaire sournois, c'est de le jeter dans de longs textes où, bien malmené, ballotté comme un galet ou du bois mort dans un torrent, il pourra peut-être de nouveau faire sens (car le quotidien tel que nous le subissons et tel qu'il est célébré par des poètes au ras des pâquerettes n'a, à mon avis, pas beaucoup d'intérêt). Je creuse aujourd'hui ce sillon mais je ne sais pas si l'on peut parler d¹une évolution. Ce n'est peut-être rien d'autre qu'un mouvement d'humeur, une réaction contre les crises de formalisme stérile qui conduisent régulièrement, depuis les années 1970 la poésie, notamment la poésie française, dans des impasses. Pour échapper à cette atmosphère confinée, je puise de grands bols d'air chez Breton, Borgès, Auden, Ungaretti, Carver, Pessoa, mais aussi dans la poésie portugaise contemporaine dont l'anthologie parue dans la collection Poésie / Gallimard souligne l'étonnante vitalité.
JJN Dans ton feuilleton « Tu écris toujours ? », dont certains extraits paraissent dans Le magazine des livres, tu te mets en scène avec une part d'autodérision, cultivant un regard mi-désabusé mi-ironique sur le monde de l'édition et sur les auteurs. Que penses-tu de la comédie littéraire qui se joue chaque année, entre la rentrée, les prix et les transferts d'auteurs ?
CCE « Tu écris toujours » est un petit divertissement. Rien ne m'horripile autant que l'esprit de sérieux. « Toujours trop sérieux n'est pas très sérieux » disait le grand auteur africain Amadou Hampâté Bâ. Or, la société tout entière plonge à nouveau dans l'esprit de sérieux et le monde des Lettres n'échappe pas à cette nouvelle crise de solennité. Beaucoup d'auteurs cherchent à se prévaloir de « professionnalisme », sans doute par peur d'être exclus du grand bazar de l'édition. Je peux comprendre cette angoisse de ne pas être intégré à un système qui pousse à rouler les mécaniques mais j'ai toujours pensé qu'un artiste, en particulier un écrivain, est précisément le contraire d'un professionnel. Ce cirque autour de la rentrée littéraire, des prix et des transferts d'auteurs, ça sent l'industrie, l'entreprise, le chiffre, toutes choses qui ne concernent la création littéraire qu'au moment où elle s'en saisit pour en faire de la littérature ou pour les affronter.
JJN Même si l'on vit pour écrire, écrire ne permet pas souvent de vivre (au sens matériel du terme). Comment ressens-tu cette difficulté ? As-tu réussi à concilier dans certaines périodes de ta vie travail salarié et création littéraire ?
CCE Je n'ai jamais pu concilier la création littéraire et quoi que ce soit. Je ressens cela comme une guerre de tranchée sans fin. Qu'on ne puisse pas gagner sa vie en faisant oeuvre littéraire alors qu'on peut gagner sa vie en tapant dans un ballon, en vociférant dans un micro, en fabriquant à la chaîne des saletés en plastique ou des mines antipersonnel, c'est bien triste mais c'est ainsi dans l'hémisphère Nord et ce sera peut-être ainsi bientôt sur la Terre entière si nous ne réagissons pas vigoureusement... Nous vivons dans une société très morne, celle du gâchis de talent, de créativité, dans laquelle finalement, personne n'est à sa place. Mais c'est peut-être aussi pour cette raison que résiste la littérature, de plus en plus absurde dans un monde réduit à l'économisme, telle une plante rudérale, une fleur de décombres.
JJN Tu as investi le web avec un blog littéraire très apprécié « Cuisine et dépendances » Vois-tu un bénéfice d'internet en terme de reconnaissance et d'audience, et cette pratique du blog a-t-elle une influence sur ton écriture ?
CCE Pour moi, tenir un blog est une petite manie innocente, pas sérieuse, même si j'y parle parfois de choses sérieuses. Le blog, j'en donnerais aujourd'hui, en bientôt six ans d'exercice dont je n'ai tiré que des bénéfices, la même définition que celle que j'avais proposée au début à Anne Crignon qui m'avait interviewé pour le Nouvel Observateur et à Paula Pinto-Gomez pour le quotidien La Croix : une sorte de salon où l'on cause et où l'on se construit un réseau tout en restant chez soi. Pour moi qui vis très retiré, c'est pratique pour échanger avec des lecteurs, d'autres auteurs, voire pour publier sans être obligé de s'intégrer à un groupe qui impose toujours plus ou moins des rites de passage. Sur internet, on prend ou on jette, on lit ou on ne lit pas. La reconnaissance, c'est le lecteur qui ne juge que le texte. L'audience, c'est lorsqu'il revient avec des amis quand il est content. Le blog, contrairement aux revues, permet de mesurer soi-même cela avec des statistiques. Celles-ci semblent me sourire mais j'ai bien conscience des limites de cet outil qui n'influence pas mon écriture puisqu'il s'agit d'un simple support, certes plus souple que le papier mais beaucoup plus volatil.
00:54 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tu écris toujours ?, feuilleton, christian cottet-emard, jean-jacques nuel, éditions le pont du change, le magazine des livres, entretien, lyon, paris, édition, presse, écriture, littérature, publication, nouvelle, roman, poésie
21 avril 2011
Tu écris toujours ? (63)
aux écrivains qui ne veulent pas se lever.
Longtemps, je me suis couché de bonne heure et ne m’en suis pas pour autant levé le lendemain dès l’aube à l’heure où blanchit la campagne. Oui, je peux donc vous comprendre ô fainéants dans la vallée fertile de la couette en pur coton biologique garantie commerce équitable et rembourrée de poils de Paresseux d’Amérique tropicale (recueillis un à un à la main avec un peigne en buis d’Oyonnax), que vous soyez best-sellers mondiaux ou plumitifs de sous-préfectures, allez, je ne vous hais point, vous qui ne fûtes et ne serez jamais des écrivains du matin.
00:29 Publié dans FEUILLETON : tu écris toujours ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : magazine des livres, feuilleton, tu écris toujours ?, lafont presse, christian cottet-emard, blog littéraire, humour, éditions le pont du change, écrivain, édition, écriture, littérature, paris, lyon, tabloïd, presse